Les syndicats d’Ubisoft ont déclenché une grève de trois jours en réponse à la décision de la direction d’imposer un retour au bureau trois jours par semaine à partir de septembre. Cette annonce a été perçue comme une attaque contre des droits récemment acquis par les employés en matière de télétravail. La grève actuelle fait suite à des actions antérieures, notamment une en février où des centaines d’employés français avaient déjà manifesté contre les conditions salariales.
Une décision jugée injuste
La réaction des syndicats
Les syndicats d’Ubisoft estiment que l’imposition d’un retour au bureau sans consultation est une mesure excessivement rigide qui ne tient pas compte des réalités des employés. Pour Clément Montigny, délégué du syndicat STJV du studio Ubisoft de Montpellier, cette nouvelle directive représente « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». En février, les salariés avaient déjà exprimé leur mécontentement face aux conditions salariales et à l’absence de réponses de la direction à leurs revendications. La décision de septembre a exacerbé ces tensions, conduisant les syndicats à organiser une grève de trois jours pour marquer leur désaccord.
Selon les syndicats, les conditions de travail flexibles étaient un droit acquis, fruit de longues négociations, et ont contribué à l’attractivité de l’entreprise. Remettre en cause cette flexibilité pourrait entraîner des départs massifs, y compris de profils rares et nécessaires à la création de jeux vidéo. De nombreux employés ont effectué des changements significatifs dans leur vie personnelle, notamment en déménageant loin des bureaux pour bénéficier d’un cadre de vie plus agréable, et se retrouveraient aujourd’hui contraints de choisir entre leur emploi et leur qualité de vie. Cette situation risque de déstabiliser des équipes déjà fragilisées par la pression de répondre aux attentes du marché.
Les arguments de la direction
La direction d’Ubisoft défend sa décision en arguant que le retour au bureau est essentiel pour stimuler la créativité et la collaboration entre les équipes. Ubisoft a déclaré qu’il était crucial de maintenir un environnement de travail qui favorise les échanges spontanés et les brainstormings, souvent plus difficiles à réaliser à distance. La direction a également promis de laisser aux employés le temps de s’adapter à cette nouvelle organisation en cherchant des compromis pour alléger la transition.
Cependant, cette vision n’est pas partagée par les syndicats qui estiment que les bénéfices du télétravail surpassent les inconvénients. Ils soulignent que la pandémie a démontré que la productivité des employés ne diminue pas nécessairement en télétravail. Ils avancent également que d’autres entreprises du secteur technologique ont trouvé des solutions hybrides qui combinent les points forts de chacun des modes de travail. Les syndicats reprochent surtout à la direction de ne pas avoir consulté les travailleurs avant de prendre une décision d’une telle ampleur, exacerbée de surcroît par le contexte économique difficile que traverse l’entreprise.
Un contexte économique tendu
Difficultés des titres récents
Ubisoft fait face à des difficultés économiques croissantes, intensifiées par une baisse des ventes de plusieurs de ses titres phares. « Star Wars Outlaws », « Skull and Bones » et le nouvel épisode de « Prince of Persia » n’ont pas réussi à atteindre le succès escompté. Cette baisse de performance commerciale pèse lourdement sur la société, mettant une pression supplémentaire sur la direction pour redresser la situation. Les analystes s’interrogent sur l’avenir de ces franchises et sur la capacité d’Ubisoft à renouer avec ses succès passés.
La situation a été aggravée par le report de la dernière sortie de la franchise « Assassin’s Creed » à l’année prochaine. Ce report a suscité des inquiétudes parmi les investisseurs, déjà préoccupés par la chute de plus de 40 % de la valeur de l’action Ubisoft depuis le début de l’année. En septembre, l’action a atteint son niveau le plus bas en dix ans. Cette situation économique fragile accentue les tensions internes et renforce les revendications des syndicats, qui estiment que les employés ne doivent pas porter seuls le fardeau des difficultés financières de l’entreprise.
Négociations entre syndicats et direction
Les syndicats d’Ubisoft ont décidé d’entamer une grève de trois jours en réaction à une décision de la direction imposant un retour au bureau de trois jours par semaine dès septembre. Cette mesure a été interprétée par les salariés comme une attaque contre leurs droits récemment acquis en matière de télétravail, lesquels ont été particulièrement appréciés pendant la pandémie. Cette grève n’est pas une première pour Ubisoft : en février, des centaines d’employés français avaient déjà organisé des manifestations pour protester contre les conditions salariales et demander de meilleures rémunérations. Ce précédent mouvement s’inscrivait dans une série de revendications visant à améliorer le bien-être au travail et à garantir des conditions équitables pour tous les employés. Les syndicats insistent sur le fait que la flexibilité du travail à distance est désormais un acquis important pour beaucoup de leurs membres. Cette nouvelle grève souligne la tension permanente entre la direction d’Ubisoft et ses employés sur des questions clés de conditions de travail.