Comment Améliorer l’Accès aux Soins en France en 2024?

novembre 18, 2024

L’accès aux soins en France est un enjeu majeur de santé publique. Un constat alarmant révèle que deux tiers des Français ont dû reporter ou renoncer à des soins médicaux en raison de divers obstacles tels que les délais d’attente, les temps de trajet trop longs et les difficultés financières. Lors des Assises nationales de l’accès aux soins en 2024, trois médecins ont partagé leurs perspectives et préconisations pour améliorer cette situation critique.

Les Conséquences du Renoncement aux Soins

Le renoncement aux soins a des conséquences graves sur la santé des individus. Martial Jardel, cofondateur de l’association Médecins Solidaires, souligne que le report des soins peut entraîner une aggravation des symptômes. Une étude montre que 16 % des personnes ayant reporté des soins ont vu leurs symptômes s’aggraver, et cette proportion monte à 41 % chez les personnes souffrant de maladies chroniques comme le diabète et l’hypertension. De plus, des cancers ont été dépistés chez des personnes qui n’avaient pas consulté depuis longtemps en raison du manque d’accès aux soins. Ces exemples illustrent les conséquences potentiellement mortelles d’un accès insuffisant aux services médicaux.

Il est donc crucial de trouver des solutions pour pallier cette situation et garantir un accès équitable aux soins pour tous les Français. Lorsque des soins sont différés ou abandonnés, les complications de santé augmentent, créant une tension supplémentaire sur le système de santé déjà sous pression. Le renoncement aux soins n’est pas seulement une question de retard, mais de qualité de vie et de survie pour beaucoup de patients. Il est donc impératif d’intervenir rapidement et efficacement pour éviter que ces situations ne deviennent la norme.

Mobilisation des Médecins pour des Périodes Courtes

Pour répondre à ce défi, Martial Jardel propose une initiative unique : mobiliser un grand nombre de médecins pour des périodes de très courte durée. L’association Médecins Solidaires a déjà ouvert cinq centres de santé dans des zones sous-dotées en professionnels de santé. Ces centres reposent sur un modèle où des centaines de médecins s’engagent à venir pratiquer une semaine par an. Cette initiative permet de pallier le manque de praticiens tout en évitant l’épuisement de ceux qui travaillent déjà dans ces zones.

Actuellement, 450 praticiens participent à ce projet, avec un objectif ambitieux d’ouvrir 21 centres à l’horizon de 2026. Si seulement 10 % des médecins en France adhéraient à ce projet, cela permettrait d’ouvrir jusqu’à 150 centres sur le territoire, atteignant une meilleure répartition et présence médicale. Cette approche collaborative et temporaire peut créer un effet boule de neige, incitant plus de professionnels de santé à s’engager et à soutenir les zones sous-dotées. Elles pourraient progressivement redevenir des endroits attractifs pour l’installation permanente de médecins.

Régulation de l’Installation des Médecins

Laure Artru, vice-présidente de l’association de citoyens contre les déserts médicaux, propose une réglementation plus stricte pour réguler l’installation des médecins via un conventionnement sélectif. Elle fait écho à la réalité inégalitaire actuelle où la santé dépend beaucoup du code postal. En régulant le lieu d’exercice des médecins, ceux-ci ne pourraient plus s’installer dans les zones déjà bien desservies, sauf en remplacement d’un départ. Cette régulation déjà appliquée aux infirmiers, kinésithérapeutes et dentistes pourrait significativement améliorer la distribution des généralistes et spécialistes.

Artru défend également l’obligation pour les jeunes médecins de travailler pendant au moins deux ans dans des zones sous-dotées, garantissant ainsi un service médical minimal dans ces zones. Cette obligation pourrait être intégrée dans le cursus des jeunes médecins, leur permettant de comprendre les enjeux spécifiques de ces régions et de contribuer à un accès plus équitable aux soins. En redistribuant les professionnels de manière plus uniforme, la pression sur certaines régions surchargées de patients pourrait être allégée, améliorant de facto la qualité des soins pour tous.

Encouragement des Spécialistes à Exercer dans les Déserts Médicaux

Pour réduire les temps d’attente souvent extrêmement longs pour une consultation chez un spécialiste, Laure Artru propose que les spécialistes soient encouragés à venir exercer dans les maisons de santé des déserts médicaux, même une journée par mois. Cela apporterait un soutien aux jeunes généralistes en formation et améliorerait l’accès aux soins spécialisés dans ces zones. En offrant un cadre de travail attractif et des incitations financières, les spécialistes pourraient être motivés à consacrer une partie de leur temps à ces zones généralement boudées.

Cette mesure permettrait de désengorger les cabinets des spécialistes dans les zones bien desservies et de fournir des soins spécialisés aux patients des zones sous-dotées, réduisant ainsi les inégalités d’accès aux soins. Les patients n’auraient plus à parcourir de longues distances pour accéder à des consultations spécialisées, ce qui pourrait faire une énorme différence, notamment pour ceux ayant des pathologies complexes ou nécessitant un suivi régulier. Une telle intégration pourrait également lever certaines barrières psychologiques et logistiques liées aux soins spécialisés en milieu rural.

Coopération entre les Professionnels de Santé

Patrice Diot, ancien doyen de la faculté de médecine de Tours, plaide pour une plus grande coopération entre les différents professionnels de santé. Il remarque que les médecins méconnaissent souvent le rôle des kinésithérapeutes, des orthophonistes, des orthoptistes ou encore des psychomotriciens. Il suggère d’instaurer dès les études de médecine une formation commune pour tous les métiers de santé, étendue sur trois ans, avant des spécialisations en master. Cette approche intégrée permettrait de démystifier les rôles de chacun et favoriserait une meilleure collaboration dans la prise en charge des patients.

Cette coopération accrue pourrait également permettre de déléguer certaines tâches spécifiques, comme la prescription d’examens ou le renouvellement d’ordonnances, aux infirmiers de pratique avancée. De plus, Diot évoque la possibilité de laisser d’autres professionnels de santé, tels que les pharmaciens, prescrire des antibiotiques dans des cas courants comme les cystites. Une telle délégation de tâches permettrait de soulager les médecins généralistes, en répartissant plus efficacement les responsabilités au sein de l’équipe de soins et en optimisant l’utilisation des compétences spécifiques de chaque profession.

Potentiel de la Télémédecine

L’accès aux soins de santé en France représente un défi majeur de santé publique. Un constat préoccupant révèle que deux tiers des Français ont été contraints de reporter ou d’abandonner des soins médicaux en raison de divers obstacles. Parmi ces obstacles, on trouve les délais d’attente prolongés, les temps de trajet trop importants et les difficultés financières. Ce sujet a été au centre des discussions lors des Assises nationales de l’accès aux soins en 2024, où trois médecins ont partagé leurs perspectives et proposé des solutions pour améliorer cette situation critique. Ils ont souligné l’importance de réduire les délais d’attente en augmentant les effectifs de professionnels de santé, de développer des services de téléconsultation pour pallier les longues distances et de mettre en place des mesures de soutien financier pour les patients les plus vulnérables. Ces propositions visent à garantir à tous les citoyens un accès équitable aux soins et à améliorer significativement le système de santé en France.

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