Le sujet de cet article est la cessation progressive du recours aux agences de placement de personnel dans les établissements de santé québécois. Le ministère de la Santé et des Services sociaux de Québec a ciblé les régions de Montréal, Laval, Montérégie, Capitale-Nationale, et Chaudière-Appalaches pour éliminer la main-d’œuvre indépendante (MOI) d’ici le 31 mars 2025. Cette décision marque une étape significative visant à réduire la dépendance aux agences de placement dans le secteur de la santé.
Contexte et Date Butoir
Objectifs de la Réduction de la MOI
Le ministère de la Santé a initialement fixé la date butoir au 20 octobre 2024 pour cesser le recours à la MOI, mais elle a été reportée au 31 mars 2025. Cette initiative vise à réduire les coûts élevés liés à l’utilisation d’agences de placement et à stabiliser le personnel au sein des établissements de santé. La réduction de la MOI est essentielle pour assurer une meilleure gestion des ressources humaines et financières dans le secteur de la santé.
Progrès dans la Réduction des Heures de Travail
Selon les données de Santé Québec, les établissements ont sensiblement diminué les heures de travail effectuées par la MOI entre mi-novembre et fin novembre 2024, comparé à la même période en 2023. Les efforts sont particulièrement remarquables dans le cas des préposés aux bénéficiaires et des infirmières auxiliaires. Cette réduction des heures de travail est un indicateur clé du succès de l’initiative.
Réduction du Recours aux Services de Placement
Préposés aux Bénéficiaires
Quatorze des dix-huit établissements n’ont plus recours à des préposés aux bénéficiaires issus d’agences. Par exemple, le CISSS de la Montérégie-Est et le CIUSSS de la Capitale-Nationale n’ont pas enregistré d’heures travaillées par des PAB d’agences, tandis que d’autres établissements ont encore recours à cette main-d’œuvre mais de manière limitée. Cette réduction montre une tendance positive vers l’autosuffisance en personnel. En conséquence, les établissements ont pu réintégrer du personnel interne, leur permettant de maintenir une équipe stable et de réduire les coûts associés aux agences.
Infirmières Auxiliaires
Les heures travaillées par les infirmières auxiliaires d’agences ont diminué d’environ 2800 heures entre mi-novembre et fin novembre dans les dix-huit établissements, par rapport à près de 32 000 l’année précédente. Cette diminution significative reflète les efforts des établissements pour intégrer davantage de personnel permanent et réduire la dépendance aux agences de placement. Ce progrès indique également une amélioration de la gestion du personnel, favorisant une meilleure continuité des soins et une augmentation de la qualité des services offerts aux patients.
Utilisation Continue des Infirmières d’Agences
Défis dans les Secteurs Critiques
Cependant, la transition est plus difficile pour les infirmières. Malgré une réduction globale, avec près de 25 000 heures travaillées contre 112 000 l’année précédente, plusieurs établissements continuent d’avoir recours aux infirmières d’agences, notamment dans des secteurs critiques comme les urgences et les chirurgies. Par exemple, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal continue d’utiliser des infirmières d’agences dans certains secteurs ciblés, comme la chirurgie et les urgences. Cela met en lumière l’importance de la stabilité et de la compétence dans des environnements où la précision et la réaction rapide sont essentielles.
Cas Spécifiques d’Établissements
Le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal persiste dans le recours à la MOI, notamment à l’hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal. Ces exemples montrent que certains établissements rencontrent encore des défis importants pour remplacer les infirmières d’agences par du personnel permanent, surtout dans des zones critiques. Les contraintes budgétaires et les conditions de travail rendent parfois difficile le recrutement de personnel qualifié pour ces postes stratégiques, ajoutant une complexité supplémentaire à la transition vers une main-d’œuvre dépendante exclusivement de l’institution.
Perspectives des Syndicats et Enjeux
Réactions Syndicales
La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a exprimé son soutien à la réduction du recours à la MOI. Cependant, la FIQ s’inquiète que certains établissements n’aient pas remplacé les ressources humaines manquantes, créant une surcharge pour le personnel en place. Françoise Ramel, Vice-Présidente Sociopolitique et Condition Féminine à la FIQ, souligne que, si la réduction du recours à la MOI ne vise qu’à atteindre l’équilibre budgétaire sans remplacer adéquatement les ressources humaines, cela peut entraîner une surcharge de travail et un épuisement du personnel.
Enjeux de Recrutement
Certaines régions rencontrent des difficultés de recrutement dans des secteurs cliniques critiques fonctionnant 24/7, tels que les unités de soins de santé physique, les urgences et les soins intensifs. Par exemple, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal signale des défis de recrutement dans ces secteurs à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et à l’hôpital Santa Cabrini Ospedale. Ces enjeux de recrutement compliquent davantage la volonté de rendre le système de santé moins dépendant des agences de placement, nécessitant des stratégies innovantes pour attirer et retenir le personnel qualifié.
Observations Générales
Progrès Généralisé
On observe un progrès significatif dans la réduction de la MOI dans la majorité des établissements ciblés. Cela comprend une diminution notable des heures travaillées par les préposés aux bénéficiaires issus d’agences de placement. Cette réussite indique une volonté et une capacité des établissements à ajuster leurs modèles de fonctionnement afin de réduire leur dépendance vis-à-vis des agences et à promouvoir une main-d’œuvre permanente plus stable.
Défis Persistants
Malgré les progrès, les établissements de santé doivent encore relever des défis majeurs, notamment concernant le remplacement des infirmières d’agences dans des secteurs essentiels. Ceux-ci nécessitent une attention continue et des solutions structurelles pérennes pour assurer la continuité et la qualité des soins, tout en maintenant le bien-être du personnel.
Objectifs Clairs
Les établissements visés maintiennent leur objectif de cesser complètement le recours à la MOI d’ici le 31 mars 2025, avec des stratégies en place pour recruter du personnel permanent et intégrer les travailleurs d’agences dans le réseau public. Le succès de cette initiative dépendra de leur capacité à fidéliser le personnel, à offrir des conditions de travail attractives, et à garantir une gestion humaine et matérielle optimale des ressources disponibles.
Conclusion
Le thème de cet article porte sur la diminution graduelle de l’utilisation des agences de placement de personnel dans les établissements de santé au Québec. Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a décidé de ne plus recourir à la main-d’œuvre indépendante (MOI) dans certaines régions spécifiques telles que Montréal, Laval, Montérégie, Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, et cela avant le 31 mars 2025. Cet objectif marque une étape cruciale vers la réduction de la dépendance aux agences de placement pour les professionnels de la santé. Ce changement vise à renforcer la stabilité de l’emploi au sein des établissements de santé et à offrir un environnement de travail plus cohérent et prévisible pour les employés. La mesure devrait également permettre de réduire les coûts associés à l’embauche de personnel temporaire et d’améliorer la qualité des soins offerts aux patients. Cette initiative s’inscrit dans une volonté générale de repenser et de structurer de manière plus durable les ressources humaines dans le secteur de la santé au Québec.