L’Influence du Modèle de Gestion Américain au Québec

L’Influence du Modèle de Gestion Américain au Québec

Depuis l’élection de Donald Trump, l’influence du modèle de gestion américain, incarné notamment par Elon Musk, s’est accrue tant aux États-Unis qu’au Canada, modifiant substantiellement les politiques de nombreuses entreprises. Musk est connu pour sa focalisation sur la productivité, à laquelle il accorde une priorité absolue, et son faible intérêt pour le bien-être des employés. Cette approche a trouvé un écho particulier au sein de l’administration Trump, qui a orienté ses politiques de gestion dans cette direction. Par ricochet, des entreprises au Québec se retrouvent à ajuster leur approche en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) sous la pression de ces nouveaux standards.

Impact sur les entreprises québécoises

Réduction des programmes de DEI

L’un des effets les plus notables de cette influence américaine est la réduction ou l’abandon des programmes de DEI par les entreprises. Environ 20 % des entreprises américaines ont effectué ces coupes depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, et cette tendance n’a pas épargné le Canada. Des géants comme Walmart, McDonald’s et Ford, présents sur le sol canadien, ont eux aussi revu à la baisse leurs politiques de diversité et d’inclusion. Cette dynamique a touché des entreprises québécoises comme Molson Coors, qui réévaluent leurs efforts en matière de DEI. Cependant, certaines entreprises, malgré cette influence, tentent de résister à la vague. EXFO, basée à Ottawa, est un exemple de société qui, tout en cherchant à augmenter sa productivité, s’efforce de maintenir ses engagements en matière de diversité et d’inclusion.

Annie Boilard, spécialiste des ressources humaines, constate que cette tendance menace de faire régresser les avancées en matière de diversité dans le monde du travail. Elle souligne que réduire les efforts de DEI pourrait avoir un impact négatif sur le moral des employés et sur la capacité des entreprises à attirer et retenir les talents. Malgré la pression pour suivre le modèle américain, des entreprises comme EXFO font preuve de résilience en maintenant leurs valeurs tout en naviguant dans un environnement de plus en plus compétitif.

Confrontation des philosophies de travail

Le président de la société montréalaise Thirdbridge, Pierre-Étienne Bousquet, met en lumière les différences culturelles entre les philosophies de travail au Québec et aux États-Unis. Alors que Thirdbridge vient d’ouvrir un nouveau bureau en Arizona, la différence de productivité entre les employés québécois et américains est déjà perceptible. Néanmoins, Thirdbridge refuse de se départir de ses principes de bienveillance au travail, comme les horaires flexibles et l’accueil des animaux de compagnie au bureau, malgré la pression pour adopter une approche plus centrée sur la productivité.

Cette confrontation des philosophies de travail met en évidence la tension entre les valeurs typiquement québécoises de bien-être au travail et l’obsession américaine pour l’efficacité. Pierre-Étienne Bousquet estime que même si l’adoption complète du modèle américain pourrait augmenter la productivité à court terme, elle risque de nuire à la satisfaction des employés et, à long terme, à la performance globale de l’entreprise. Il plaide pour un modèle hybride qui favorise à la fois la productivité et le bien-être des employés, convaincu que le succès et la satisfaction des travailleurs ne sont pas mutuellement exclusifs.

Innovations et bien-être des employés

Productivité et bienveillance

Germain Lamonde, dirigeant de l’entreprise EXFO, et Pape Wade, directeur d’Airudi, sont tous deux d’avis que la productivité ne doit pas nécessairement se faire au détriment du bien-être des employés. Ils défendent fermement l’idée que l’innovation peut s’épanouir dans un environnement où les employés se sentent respectés et valorisés. Pour eux, créer un climat de travail bienveillant est essentiel pour stimuler la créativité et l’engagement des équipes, éléments indispensables pour rester compétitif sur le marché mondial.

Lamonde et Wade illustrent leurs propos par des initiatives concrètes mises en place dans leurs entreprises respectives. À EXFO, par exemple, des programmes de formation continue et de développement personnel sont proposés aux employés pour améliorer leurs compétences tout en respectant leur équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Airudi, de son côté, mise sur des politiques de flexibilité et de reconnaissance des efforts individuels pour soutenir ses employés tout en maintenant des standards de performance élevés. Ces chefs d’entreprise démontrent qu’il est possible de concilier productivité et bien-être au travail sans sacrifier l’une pour l’autre.

Télétravail et résistance face à Musk

Le télétravail représente un autre point de divergence entre la philosophie de gestion d’Elon Musk et les pratiques au Québec. Alors que Musk a drastiquement réduit le recours au télétravail dans ses entreprises, y compris dans des secteurs de la fonction publique américaine, cette approche rencontre une forte résistance au Canada. Les fonctionnaires fédéraux canadiens, par exemple, protestent contre l’obligation de retourner au bureau trois jours par semaine, une mesure perçue comme une régression par rapport à la flexibilité permise par le télétravail instauré pendant la pandémie.

Yvon Barrière, représentant de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, exprime l’espoir que le modèle de Musk, qu’il juge rigide et déconnecté des besoins des employés modernes, ne s’implante jamais au Canada. Il argue que le maintien d’une certaine souplesse en matière de lieu de travail est crucial pour garantir le bien-être des employés et leur productivité à long terme. Au Québec, plusieurs entreprises restent fermement attachées au modèle de travail hybride, voyant dans cette approche un moyen d’attirer les talents et de favoriser un équilibre sain entre vie professionnelle et personnelle.

Un avenir équilibré pour le Québec ?

Valoriser un modèle distinct

Malgré les influences externes, de nombreux chefs d’entreprise et spécialistes des ressources humaines au Québec croient fermement à la possibilité de rester distincts quant à leur manière de gérer les affaires. Pablo Stevenson, directeur de l’entreprise Tedy, rappelle que le Québec a une tradition de valeurs humanistes et de gestion bienveillante qui peuvent coexister avec des objectifs de haute performance. Selon lui, il est crucial de ne pas perdre de vue ces valeurs dans la quête d’une productivité accrue, afin de créer un environnement de travail durable et prospère.

Stevenson ajoute que l’innovation véritable provient souvent de la diversité des perspectives et de la capacité à inclure différentes voix dans le processus décisionnel. En préservant et en renforçant leurs programmes de DEI, les entreprises québécoises peuvent non seulement bénéficier d’une main-d’œuvre plus engagée et créative, mais aussi se démarquer sur la scène internationale par des pratiques de gestion distinctives et respectueuses des individus.

Actions pour l’avenir

Depuis l’élection de Donald Trump, le modèle de gestion à l’américaine, principalement incarné par Elon Musk, a vu son influence croître aussi bien aux États-Unis qu’au Canada. Ce modèle a fondamentalement transformé les politiques de nombreuses entreprises. Musk est renommé pour son obsession avec la productivité et accorde une importance primordiale à cet aspect, négligeant souvent le bien-être des employés. Cette philosophie a trouvé un terrain favorable sous l’administration Trump, qui a aligné ses politiques de gestion sur cette même voie.

Cette influence n’a pas tardé à se faire ressentir au-delà des frontières, notamment au Québec, où les entreprises commencent à réajuster leur approche en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) afin de se conformer à ces nouveaux standards. Ainsi, la pression exercée par ces normes a conduit bon nombre d’entre elles à modifier significativement leurs politiques internes, reflétant ainsi l’empreinte grandissante d’une gestion axée sur la performance avant tout.

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