L’arrivée d’un prêt de 400 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI) en faveur d’Orano marque un tournant majeur dans le financement du nucléaire en France. La BEI revient ainsi sur le devant de la scène après une longue absence de financements nucléaires depuis la catastrophe de Fukushima en 2011. Cette initiative reflète à la fois l’urgence et la pertinence stratégique du nucléaire dans le contexte énergétique actuel. Le prêt permettra à Orano, spécialiste français du cycle de l’uranium, d’augmenter ses capacités d’enrichissement à l’usine Georges Besse II au Tricastin, nécessitant un investissement total de 1,7 milliard d’euros.
Retour en force du nucléaire en Europe
L’invasion de l’Ukraine par la Russie et le besoin impérieux de réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de Rosatom, le géant nucléaire russe, ont sévèrement bousculé le paysage énergétique européen. Le marché de l’enrichissement de l’uranium, dont Rosatom détient 43 % des parts de marché, apparaît comme une composante cruciale pour la fabrication du combustible nucléaire. La tension géopolitique a remis sur le devant de la scène la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement. À cet égard, le soutien de la BEI facilite un rééquilibrage stratégique, en permettant à Orano de renforcer sa position dans ce secteur.
Face à Rosatom, le reste du marché est réparti entre le consortium européen Urenco (31 %), le chinois CNNC pour le marché intérieur et Orano avec 12 %. En finançant Orano, la BEI renforce non seulement la compétitivité française mais également européenne dans ce secteur clé. Cette intervention est d’autant plus nécessaire que la capacité d’enrichissement de l’uranium est une ressource stratégique pour garantir une autonomie énergétique. Le nucléaire, désormais considéré comme une énergie décarbonée, resurgit comme une solution viable pour atteindre les objectifs climatiques européens.
Impacts sur l’indépendance énergétique et climatique
Ce prêt de la BEI s’inscrit dans une démarche plus large de soutien à l’indépendance énergétique européenne et à la transition vers des énergies décarbonées. Avec les objectifs climatiques de l’Union européenne fixés à horizon 2050, le nucléaire retrouve une place privilégiée dans le mix énergétique. La BEI, depuis 2013, considère le nucléaire éligible au financement, à condition que les fonds soient orientés vers la sécurité des installations, le cycle du combustible et les projets de recherche-développement.
En 2023, la BEI a ainsi financé un projet de sûreté nucléaire en Roumanie, marquant une réouverture progressive aux financements nucléaires. Toutefois, elle n’a pas encore soutenu de nouveaux projets de réacteurs, malgré le plaidoyer de la France pour l’accélération de son programme de construction de réacteurs EPR2. Cette réticence pourrait néanmoins évoluer face à l’urgence concurrentielle et climatique actuelle.
Orano : un acteur stratégique du cycle du combustible
L’octroi d’un prêt de 400 millions d’euros de la part de la Banque européenne d’investissement (BEI) à Orano constitue un changement significatif dans le financement du secteur nucléaire en France. En effet, après une longue période d’absence de soutien financier au nucléaire suite à l’accident de Fukushima en 2011, la BEI revient sur le devant de la scène. Ce financement indique non seulement l’importance stratégique mais aussi l’urgence de développer le nucléaire dans le contexte actuel de transition énergétique. Grâce à ce prêt, Orano, spécialiste français de la gestion du cycle de l’uranium, pourra accroître ses capacités d’enrichissement à l’usine Georges Besse II située au Tricastin. Ce projet nécessite un investissement total de 1,7 milliard d’euros, soulignant l’ampleur et l’importance de l’engagement financier requis pour moderniser et augmenter la production nucléaire en France. Ainsi, la BEI joue un rôle crucial en soutenant ces développements stratégiques pour l’avenir de l’énergie nucléaire française.