Le Ralentissement Économique de la Chine S’Accélère

Le Ralentissement Économique de la Chine S’Accélère

L’économie chinoise a révélé une fragilité inattendue en novembre, avec une série d’indicateurs clés qui non seulement ont déçu les prévisions les plus prudentes, mais ont également mis en lumière les fissures profondes d’un modèle de croissance à bout de souffle. Cette conjoncture morose, caractérisée par une demande intérieure en berne, une crise immobilière qui s’envenime et une production industrielle anémiée, s’installe durablement malgré les promesses répétées d’intervention de Pékin. La situation actuelle suscite un scepticisme grandissant parmi les observateurs internationaux quant à la capacité du gouvernement à orchestrer une reprise vigoureuse sans engager des réformes structurelles audacieuses. Le décalage entre les objectifs affichés et la réalité économique sur le terrain n’a jamais semblé aussi prononcé, alimentant les inquiétudes sur la stabilité à long terme de la deuxième économie mondiale et sur les répercussions potentielles pour ses partenaires commerciaux.

Les Symptômes d’une Économie en Souffrance

Indicateurs Clés en Chute Libre

Le ralentissement économique chinois s’est manifesté avec une ampleur préoccupante, touchant simultanément les principaux piliers de l’activité. La consommation des ménages, baromètre essentiel de la santé économique interne, a connu un freinage particulièrement brutal. La croissance des ventes au détail n’a progressé que de 1,3 % en glissement annuel, un chiffre alarmant bien en deçà des 2,8 % anticipés par les économistes et marquant une décélération notable par rapport aux 2,9 % enregistrés le mois précédent. Ce résultat témoigne d’une érosion significative de la confiance des consommateurs. Le secteur industriel n’a pas été épargné, affichant une croissance de seulement 4,8 %, soit son rythme le plus faible depuis août 2024 et manquant la cible des 5 % prévus. Plus inquiétant encore est le signal envoyé par les investissements en actifs fixes, qui incluent des secteurs vitaux comme l’immobilier et les infrastructures. Ceux-ci ont enregistré une baisse de 2,6 % sur la période de janvier à novembre, une contraction plus sévère que prévu et la plus forte diminution observée depuis le début de la pandémie en 2020. Ce chiffre révèle un pessimisme profond des entreprises quant aux perspectives futures.

L’Immobilier, Épicentre de la Crise

Au cœur de cette conjoncture morose se trouve la crise persistante et profonde du secteur immobilier, dont les ondes de choc se propagent à l’ensemble de l’économie. Les données de novembre sont sans appel et illustrent l’effondrement de ce qui fut l’un des principaux moteurs de la croissance chinoise. Les investissements immobiliers ont connu une chute vertigineuse de 15,9 % sur les onze premiers mois de l’année, une baisse qui s’est considérablement accentuée par rapport à la contraction de 10,3 % observée sur la période de janvier à octobre. Cette dégradation rapide reflète une paralysie quasi totale des nouveaux projets de construction. La crise se manifeste également dans la valeur des actifs, avec une baisse des prix des logements neufs dans les grandes métropoles de 1,2 % sur un an. Le marché de la revente a subi une chute encore plus spectaculaire de 5,8 %. Comme le souligne l’économiste Zhiwei Zhang, cette dévalorisation pèse lourdement sur le patrimoine des ménages, qui est majoritairement investi dans la pierre, affectant directement leur confiance et, par conséquent, leur propension à dépenser. La crise immobilière n’est donc plus un problème sectoriel, mais bien un frein majeur à la consommation et à la reprise globale.

La Consommation Intérieure à l’Arrêt

La faiblesse de la demande intérieure est illustrée de manière frappante par les contre-performances observées dans des secteurs clés et lors d’événements commerciaux majeurs qui, par le passé, stimulaient les dépenses. Le secteur automobile, souvent considéré comme un indicateur avancé de la consommation des biens durables, a subi un revers notable. Pour la première fois en trois ans, les ventes de véhicules ont baissé, enregistrant un recul de 8,1 % en glissement annuel en novembre. Les économistes de Goldman Sachs ont identifié ce secteur comme un frein majeur à la consommation globale, signalant que même les ménages les plus aisés hésitent à s’engager dans des achats importants. De plus, les grandes campagnes promotionnelles en ligne, telles que le « Singles’ Day », n’ont pas réussi à inverser la tendance. Le volume des ventes n’a progressé que de 12 %, une croissance bien inférieure aux 20 % enregistrés l’année précédente. Cette performance décevante confirme que les consommateurs restent extrêmement prudents, privilégiant l’épargne à la dépense malgré les incitations et les rabais offerts, ce qui traduit une anxiété profonde face à l’incertitude économique.

Réponses et Déséquilibres Structurels

Des Mesures Gouvernementales Jugées Insuffisantes

Face à ce tableau économique de plus en plus sombre, le gouvernement chinois a réitéré son intention de soutenir l’activité économique. Pékin a annoncé des mesures futures, notamment l’émission d’obligations d’État spéciales à très long terme destinées à financer des projets stratégiques, ainsi qu’une augmentation du budget alloué aux investissements publics. Cependant, un consensus clair se dégage parmi les analystes : ces annonces sont jugées largement insuffisantes pour inverser la tendance actuelle. Zavier Wong, de eToro, souligne l’absence de mesures de relance d’envergure ciblant directement les ménages. Il insiste sur la nécessité d’une amélioration substantielle de l’emploi et des salaires pour restaurer la confiance et relancer durablement la consommation. Eswar Prasad, de l’Université Cornell, va plus loin en remettant en question la viabilité même du modèle de croissance chinois. Il plaide pour des réformes structurelles profondes visant à rééquilibrer l’économie en donnant une plus grande part à la consommation intérieure, plutôt que de continuer à s’appuyer sur un modèle axé sur l’investissement et les exportations, qui montre aujourd’hui clairement ses limites.

Le Paradoxe d’une Croissance Tirée par les Exportations

Malgré cette faiblesse interne prononcée, l’économie chinoise a paradoxalement semblé en voie d’atteindre son objectif de croissance annuel d’environ 5 %. Cette performance, qui masque les difficultés structurelles, a été rendue possible quasi exclusivement grâce à la vigueur de ses exportations, notamment vers des marchés autres que les États-Unis. Cette dynamique a créé une nouvelle source d’inquiétude : une dépendance croissante et potentiellement dangereuse à l’égard de la demande étrangère. L’excédent commercial a atteint un niveau record historique de 1,1 billion de dollars en novembre, dépassant le précédent sommet de 2024. Des figures internationales comme Kristalina Georgieva, directrice du FMI, ont exhorté la Chine à stimuler sa demande intérieure pour réduire ce déséquilibre macroéconomique. L’économiste Ting Lu, de Nomura, a averti qu’une simple réévaluation de la monnaie pour corriger cette situation serait insoutenable sans des mesures de fond pour lutter contre les pressions déflationnistes qui minaient l’économie de l’intérieur. Cette situation a révélé que la croissance affichée reposait sur des fondations de plus en plus fragiles.

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