Les COP Sont-elles Réellement Efficaces Pour le Climat?

décembre 3, 2024

La COP29 se déroule actuellement en Azerbaïdjan jusqu’au 22 novembre, marquant ainsi la 29e édition de cette conférence internationale dédiée aux négociations sur le climat. Malgré le rassemblement de plusieurs dizaines de milliers de personnes chaque année, l’événement n’a pas réussi à freiner l’accélération du réchauffement climatique. Jean Jouzel, l’éminent climatologue français, ancien membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et actuel président de l’association Météo et Climat, a répondu à plusieurs questions sur l’intérêt et l’efficacité des COP à l’occasion de cette édition de 2024.

Les progrès réalisés grâce aux COP

Réduction des scénarios de réchauffement

Jean Jouzel explique que lorsqu’on a commencé à parler du réchauffement climatique il y a 30 ans, on évoquait un scénario de hausse des températures de 5°C par rapport à la période préindustrielle. Aujourd’hui, ce scénario est plutôt à 3°C. Bien que ce chiffre soit toujours trop élevé pour s’adapter pleinement, ce n’est pas aussi dramatique que le scénario initial de +5°C. Selon Jouzel, ce progrès est en grande partie dû aux efforts du Giec et aux réunions des COP qui ont permis de mettre en avant le problème du climat à l’échelle mondiale. Les efforts intenses dans la sensibilisation et l’éducation sur le climat aux niveaux national et international ont également joué un rôle crucial dans la réduction de ces prédictions alarmantes, amenant un plus grand nombre de nations à adopter des politiques environnementales plus strictes.

Ces conférences mettent en avant des objectifs ambitieux et incitent les nations à rendre des comptes sur leurs engagements climatiques. La pression collective et le besoin de transparence ont forcé les gouvernements à revoir leurs politiques énergétiques, améliorant ainsi l’efficacité énergétique et réduisant la dépendance aux combustibles fossiles. Par conséquent, même si les COP ne produisent pas toujours des résultats immédiats, elles créent un environnement où le changement progressif devient possible et mesurable au fil du temps. Ces petits pas cumulés sont essentiels pour éviter des scénarios catastrophiques pour le climat mondial.

Développement des énergies renouvelables

Les COP du passé ont-elles réellement été suivies d’actions concrètes? Jean Jouzel affirme que oui. Un exemple important est le développement des énergies renouvelables, qui est directement lié aux décisions prises lors des COP. Ces conférences ont accéléré la transition vers des sources d’énergie plus propres, notamment pour des pays très pollueurs comme la Chine. La mise en œuvre de projets d’énergie solaire et éolienne à grande échelle dans de nombreuses régions du monde est une conséquence directe de ces discussions internationales. La volonté politique générée par ces conférences a permis de libérer des financements significatifs pour la recherche et le développement dans le domaine des technologies vertes.

Une autre décision majeure prise lors d’une COP est l’Accord de Paris en 2015, dont l’objectif était de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. Cependant, nous sommes en train de dépasser ce seuil en 2024, ce qui amène la question de la pertinence de maintenir ou réviser cet objectif. Jouzel est clair sur ce point : il ne faut pas abandonner l’objectif de +1,5°C car les seuils sont définis en fonction de la capacité d’adaptation des populations, et non en fonction de ce que l’on peut réellement atteindre. Il est donc crucial de continuer à viser cet objectif pour minimiser les impacts négatifs du réchauffement sur les sociétés et les écosystèmes. L’élan créé par l’Accord de Paris a également contribué à un changement de mentalité chez les entreprises, les investisseurs et les citoyens, poussé par une demande croissante pour des produits et services durables.

Les critiques et débats autour des COP

Coût financier et environnemental

La COP fait souvent l’objet de critiques pour son coût financier et environnemental, notamment parce qu’elle rassemble environ 40 000 personnes dans un pays, générant ainsi des émissions de gaz à effet de serre supplémentaires. En réponse à cette critique, Jean Jouzel souligne que les COP sont l’endroit où tous les pays de la planète, y compris les plus pauvres, se retrouvent pour discuter de la crise climatique. Pour lui, arrêter les COP serait égoïste vis-à-vis des pays pauvres. De plus, ces conférences rassemblent des individus de divers secteurs (transports, finance, urbanisme) qui sont tous concernés par les enjeux climatiques, créant ainsi des opportunités uniques d’intersections intersectorielles qui favorisent l’innovation et la coopération globale.

Les critiques ne doivent pas occulter les bénéfices à long terme générés par ces rencontres internationales. Bien que l’empreinte carbone d’un tel événement reste une préoccupation légitime, les progrès en matière d’engagement climatique et de coopération internationale compensent largement ces impacts immédiats. En outre, la présence physique de nombreux participants permet de renforcer les liens diplomatiques, de développer des réseaux de soutien et d’encourager une représentation plus équilibrée des perspectives de tous les pays. Ce genre de collaboration pourrait être difficile sinon impossible à réaliser à travers des moyens virtuels uniquement.

Choix des pays hôtes

Le choix des pays hôtes des COP fait également débat, surtout les dernières années où des pays très pollueurs et producteurs de pétrole comme les Émirats arabes unis et l’Azerbaïdjan ont accueilli la conférence. Jouzel regrette ces choix et explique que la décision pour l’Azerbaïdjan est le résultat de la pression de la Russie. Cependant, il souligne l’importance de discuter du pétrole avec les pays producteurs pour éviter un entre-soi entre pays « vertueux ». Discuter de la transition énergétique dans ces pays est essentiel pour aborder les défis globaux de manière réaliste et inclusive, prenant en compte les particularités économiques et politiques de chaque nation.

Il est également important de noter que la tenue de COP dans des pays à forte empreinte carbone peut avoir un effet catalyseur, poussant ces nations à démontrer des efforts accrus pour améliorer leurs pratiques environnementales et à devenir des exemples de la transition verte. Les critiques doivent considérer ces événements comme des plateformes temporairement imparfaites mais stratégiquement indispensables pour amorcer des changements systémiques à grande échelle. En fin de compte, la localisation de ces conférences ne devrait pas éclipser leur but fondamental : encourager les dialogues constructifs et impulser des actions concrètes pour lutter contre le changement climatique à l’échelle mondiale.

Les priorités pour l’avenir

Solidarité Nord-Sud

Enfin, Jean Jouzel évoque ses priorités s’il avait tous les pouvoirs lors de cette COP. La première priorité serait la solidarité Nord-Sud : il est crucial de rediscuter de l’aide apportée aux pays pauvres, car sans cette solidarité, il sera impossible de lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Il souligne que si le développement de l’Afrique repose sur les combustibles fossiles, cela mènera à une impasse environnementale. L’importance de renforcer les mécanismes de financement climatique pour aider les pays en développement à compenser les impacts de la crise climatique et à adopter des technologies durables est une priorité incontournable pour réussir collectivement.

Les COP doivent donc se concentrer sur l’élaboration de stratégies inclusives qui prennent en compte les besoins et les capacités variés de chaque nation. La mise en place de fonds spécifiques pour soutenir les pays vulnérables est une manière d’assurer une transition équitable et juste vers une économie verte. Cette solidarité n’est pas seulement une question de justice, mais aussi une nécessité pratique. Des systèmes globaux de partage de connaissances et de technologie pourraient accélérer la mise en œuvre de solutions innovantes et adaptées aux contextes locaux, contribuant ainsi à une résilience climatique à l’échelle mondiale.

Réduction des émissions de gaz à effet de serre

La COP29 se tient actuellement en Azerbaïdjan et continuera jusqu’au 22 novembre, marquant la 29e édition de cette conférence internationale consacrée aux discussions sur le climat. Chaque année, des dizaines de milliers de participants se rassemblent pour cet événement, mais malgré cela, il n’a pas encore réussi à ralentir l’intensification du réchauffement climatique. Cette année, Jean Jouzel, climatologue français de renom, ancien membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et actuel président de l’association Météo et Climat, a répondu à plusieurs questions ayant trait à l’intérêt et à l’efficacité des COP. Il a particulièrement abordé les défis persistants et les espoirs liés à cette édition de 2024, soulignant les difficultés et les efforts nécessaires pour progresser de manière concrète. Les débats se poursuivent pour trouver des solutions durables et réalistes face à cette menace mondiale croissante.

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