L’Afrique se trouve à un tournant décisif de son histoire numérique, et la 7ᵉ édition du Transform Africa Summit (TAS), qui s’est déroulée à Conakry en Guinée du 12 au 14 novembre, illustre parfaitement cette dynamique en plein essor. Organisé par la Smart Africa Alliance en partenariat avec le gouvernement guinéen, cet événement, considéré comme le plus grand sommet technologique du continent, a réuni plus de 4 000 participants issus de plus de 40 pays africains. Sous le thème évocateur « Intelligence artificielle pour l’Afrique : innover localement, impacter globalement » , le sommet a mis en lumière le rôle central de l’intelligence artificielle (IA) comme moteur de développement. Cette édition marque une étape historique, notamment parce qu’elle est la première à se tenir dans un pays francophone d’Afrique de l’Ouest, plaçant ainsi la Guinée sous les projecteurs internationaux. Inauguré par le Général Mamadi Doumbouya, Président de la transition guinéenne, et Paul Kagamé, Président du Rwanda, ce rendez-vous s’inscrit dans une vision ambitieuse de transformation socio-économique portée par des initiatives comme le programme Simandou 2040. L’enjeu est de taille : positionner l’Afrique comme un acteur incontournable de l’innovation technologique mondiale.
Une plateforme stratégique pour la révolution numérique
Le Transform Africa Summit représente bien plus qu’un simple rassemblement ; il s’impose comme une plateforme stratégique pour accélérer l’intégration numérique à travers le continent. Porté par la Smart Africa Alliance, cet événement met en avant des technologies de pointe, avec un accent particulier sur l’IA, pour répondre aux défis spécifiques des sociétés africaines. Rose Pola Pricemou, ministre guinéenne des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, a souligné que ce sommet incarne une Afrique en pleine construction de son avenir numérique, tissant des réseaux de coopération solides entre les nations. La tenue de cette rencontre à Conakry symbolise également une reconnaissance des efforts de la Guinée pour devenir un pôle régional d’innovation en Afrique de l’Ouest. Cet élan s’inscrit dans une dynamique plus large visant à faire de la transformation technologique un levier de progrès inclusif et durable, capable de repositionner le continent sur la scène internationale.
L’importance du TAS réside aussi dans sa capacité à rassembler des acteurs variés, allant des chefs d’État aux entrepreneurs, en passant par des investisseurs et des innovateurs. Cette diversité favorise des échanges riches, permettant de dessiner des stratégies communes pour relever les défis numériques. La présence de figures influentes comme Paul Kagamé, dont le pays, le Rwanda, est souvent cité en exemple pour ses avancées technologiques, renforce la portée symbolique de l’événement. Le sommet offre ainsi une occasion unique de partager des expériences et de bâtir des partenariats solides, essentiels pour surmonter les obstacles structurels tels que les inégalités d’accès aux infrastructures numériques. En mettant l’accent sur des solutions adaptées aux réalités locales, cette rencontre pose les bases d’une transformation qui ne se contente pas d’imiter les modèles étrangers, mais qui s’appuie sur les forces et les talents propres au continent.
L’intelligence artificielle comme levier de progrès
Au cœur des discussions de cette 7ᵉ édition, l’intelligence artificielle se positionne comme une technologie clé pour redéfinir l’avenir de l’Afrique. Le thème choisi, axé sur l’innovation locale avec un impact global, traduit une ambition claire : développer une IA qui reflète les réalités et les besoins du continent. Les débats ont largement porté sur la nécessité de concevoir des solutions par des talents africains, en s’appuyant sur des données locales et en respectant des cadres réglementaires adaptés. La ministre Rose Pola Pricemou a qualifié l’IA de « révolution de civilisation » , capable de transformer des secteurs cruciaux comme l’éducation, la santé et l’économie. Cette vision met en avant une approche proactive, où l’Afrique ne se contente pas de subir les avancées technologiques, mais les façonne selon ses valeurs, ses langues et ses priorités, pour un développement véritablement ancré dans ses spécificités.
Cette perspective est partagée par d’autres figures clés, notamment Lacina Koné, directeur général de Smart Africa, qui insiste sur l’importance de rendre la transformation numérique inclusive. Selon lui, l’IA offre une opportunité unique de repenser le développement en valorisant les ressources et l’ingéniosité des populations locales. Les discussions ont également mis en lumière la nécessité d’un encadrement éthique, afin d’éviter que cette technologie ne creuse davantage les inégalités ou ne devienne un outil d’exploitation. L’objectif est de faire de l’IA un vecteur de progrès social, en garantissant qu’elle profite à toutes les couches de la société, y compris les communautés rurales souvent marginalisées. Ce sommet a ainsi permis de poser les jalons d’une approche continentale unifiée, où l’innovation technologique rime avec responsabilité et inclusion.
Des objectifs ambitieux pour un impact concret
Le TAS 2025 s’est fixé des objectifs stratégiques majeurs, visant à accélérer l’adoption des technologies numériques tout en abordant des enjeux cruciaux comme l’éthique et la gouvernance. Un des axes prioritaires est de stimuler l’innovation locale, notamment en soutenant les jeunes entreprises africaines à travers des partenariats entre les secteurs public et privé. Les investissements dans les technologies sont également au centre des préoccupations, avec un impact économique direct estimé à plus de 10 millions de dollars pour la Guinée. Paul Kagamé a rappelé l’importance des infrastructures numériques, comme l’accès à l’internet à haut débit, pour garantir un développement inclusif et compétitif. Ces infrastructures constituent le socle sur lequel repose la capacité de l’Afrique à rivaliser sur la scène mondiale, tout en répondant aux besoins spécifiques de ses populations.
Un autre enjeu majeur réside dans la capacité du sommet à positionner la Guinée comme un acteur central du numérique en Afrique de l’Ouest. Le Général Mamadi Doumbouya a souligné l’alignement du thème de cette édition avec les ambitions du programme Simandou 2040, qui vise un développement socio-économique durable d’ici les quinze prochaines années, à compter de cette année. Ce sommet représente une vitrine pour attirer des investissements et démontrer le potentiel du pays à devenir un pôle technologique régional. Les échanges entre participants ont aussi permis d’explorer des solutions adaptées aux défis actuels, comme la rapidité de l’évolution technologique et la nécessité d’anticiper les besoins futurs. Cette rencontre a ainsi mis en évidence l’urgence de conjuguer innovation et inclusion, pour que les avancées numériques ne laissent personne sur le bord du chemin.
Un cadre d’échanges et de collaborations
Le programme du sommet a été conçu pour maximiser les opportunités d’échanges et de réflexion entre les différents acteurs du numérique. Des plénières de haut niveau, réunissant des chefs d’État et des ministres, ont abordé les grandes lignes de l’avenir numérique africain, tandis que des expositions technologiques ont permis de découvrir des innovations prometteuses. Des ateliers sur des thématiques comme la gouvernance des données et l’économie créative numérique ont offert des espaces de formation et de discussion. Les rencontres d’affaires ont favorisé la création de partenariats stratégiques entre entrepreneurs et investisseurs, renforçant ainsi l’écosystème technologique du continent. Ces initiatives reflètent une volonté de faire du TAS un véritable catalyseur de collaborations fructueuses.
Par ailleurs, les sessions techniques ont mis l’accent sur des enjeux critiques, tels que la protection des données africaines et la mise en place de cadres éthiques pour l’utilisation de l’IA. Ces discussions ont révélé une prise de conscience collective quant à la nécessité de préserver la souveraineté numérique du continent, pour éviter qu’il ne devienne un simple marché pour des technologies importées. La 12ᵉ réunion du Conseil d’administration de Smart Africa, organisée en marge du sommet, a également permis de définir des orientations stratégiques pour les années à venir. Ce foisonnement d’activités illustre la richesse des perspectives offertes par cet événement, qui ne se limite pas à des discours, mais s’engage dans des actions concrètes pour façonner un avenir numérique solide et pérenne pour l’Afrique.
Les défis à relever pour un avenir équitable
Malgré les avancées célébrées lors du TAS 2025, les défis restent nombreux pour garantir que la transformation numérique profite à l’ensemble des populations africaines. La fracture numérique, qui sépare encore les zones urbaines des régions rurales, figure parmi les obstacles les plus pressants. Lacina Koné a rappelé que, bien que Smart Africa ait évolué d’une simple plateforme de concertation à une institution opérationnelle avec des résultats tangibles, beaucoup reste à faire pour atteindre des objectifs ambitieux. L’accès équitable aux technologies et la réduction des disparités constituent des priorités absolues, afin que les bénéfices de l’IA et des outils numériques ne se concentrent pas uniquement dans les grandes villes, mais irriguent l’ensemble du continent.
Paul Kagamé a également insisté sur l’importance de valoriser le capital humain et d’utiliser les ressources de manière efficiente pour bâtir un développement durable. La présence de figures comme celle du président rwandais à Conakry symbolise l’engagement des nations africaines à collaborer et à partager leurs expériences. Les défis liés à la formation des jeunes générations et à l’intégration des technologies dans les systèmes éducatifs ont été largement évoqués, soulignant la nécessité d’investir dans les compétences de demain. Ce sommet a mis en lumière une vérité essentielle : le succès de l’Afrique ne se mesurera pas seulement à sa capacité à suivre les tendances mondiales, mais à sa manière unique de résoudre ses problèmes en s’appuyant sur ses propres forces et sur une coopération panafricaine renforcée.
Une étape décisive vers un futur numérique
En regardant en arrière, la 7ᵉ édition du Transform Africa Summit à Conakry s’est imposée comme un jalon majeur pour la Guinée et pour l’ensemble du continent. Les discussions autour de l’intelligence artificielle et de la transformation numérique ont permis de tracer une voie claire vers un développement inclusif et éthique, ancré dans les réalités africaines. Les interventions des dirigeants, qu’il s’agisse du Général Mamadi Doumbouya, de Paul Kagamé ou de Rose Pola Pricemou, ont convergé vers un même idéal : celui d’une Afrique maîtresse de son destin technologique, capable de s’appuyer sur ses talents pour innover. Pour aller de l’avant, il est impératif de transformer ces échanges en actions concrètes, en investissant dans des infrastructures numériques accessibles à tous et en soutenant les initiatives locales. Les partenariats noués lors de ces trois jours pourraient redéfinir la manière dont le continent aborde les opportunités de la révolution numérique, ouvrant ainsi la voie à une prospérité partagée et durable.
