L’application sportive Strava, utilisée par de nombreux athlètes pour enregistrer leurs courses, a une nouvelle fois attiré l’attention en raison d’une faille potentielle dans la sécurité militaire. En effet, des militaires français de la base de l’île Longue (Finistère) auraient, sans le vouloir, révélé des dates de missions en mer à travers cette application. Ces informations pourraient menacer la discrétion des sous-marins nucléaires français.
Révélation de l’Enquête du Monde
Le journal Le Monde a mené une enquête révélant que des données de l’application Strava, accessibles au public, permettaient de déduire les dates de patrouille des sous-marins nucléaires (SNLE) français. Sur les dix dernières années, au moins 450 personnes ayant accès à ce site hypersécurisé sont abonnées à Strava. Parmi elles, des militaires dont l’activité sportive enregistrée sur l’application permet d’inférer les périodes de mission des SNLE. Cela met en péril leur discrétion acoustique, essentielle à leur stratégie de dissuasion nucléaire.
L’île Longue, située dans la rade de Brest, est l’un des sites militaires français les plus stratégiques. Elle abrite les quatre SNLE de seconde génération de la France : le Triomphant, le Téméraire, le Vigilant et le Terrible. Ces sous-marins, essentiels à la dissuasion nucléaire du pays, doivent leur efficacité à leur capacité à rester indétectables lorsqu’ils sont en mer. Conformément au principe de « permanence à la mer », au moins un sous-marin est en patrouille en permanence.
Tendances et Observations
L’enquête du Monde a mis en lumière un schéma clair : l’activité sportive de certains personnels de la base, visible sur Strava, permet de déduire facilement les dates de missions en mer. En suivant les abonnés pratiquant des courses à proximité des sous-marins, on observe des interruptions soudaines de leurs habitudes sportives sur plusieurs semaines. Ces suspensions d’activité, simultanées pour plusieurs abonnés, suggèrent des périodes de patrouille en mer où ils n’ont pas accès au réseau.
Certains soldats ont même laissé des commentaires explicites sur leur reprise d’entraînement après des missions en mer, comme ce message posté par « Paul » en octobre 2022 : « Dur la reprise après plus de deux mois et demi dans une boîte à caca », accompagné d’émojis de bulles et d’équipement de plongée. Ce type de commentaire rend encore plus flagrante la corrélation entre leurs absences sportives et les patrouilles sous-marines.
Implications Stratégiques
Les sous-marins, pour rejoindre la haute mer, passent par le goulet de Brest et sont visibles durant cette phase. Ils plongent ensuite et deviennent indétectables. Cette phase initiale de sortie de la rade est susceptible d’être observée par des puissances tierces, mais elle est déjà largement contrôlée par la Marine nationale. Cependant, si les dates de sortie étaient anticipées, un pays concurrent pourrait installer des capteurs pour enregistrer l’empreinte acoustique des sous-marins, compromettant ainsi leur invisibilité.
Les journalistes de Le Monde estiment que l’activité cartographiée sur Strava permet de prévoir ces sorties en mer. Les entraînements progressent en effet vers la zone ultrasécurisée à mesure que le départ approche, et se poursuivent jusqu’aux quais d’amarrage des sous-marins.
Réactions et Mesures de Sécurité
La Marine nationale reste confiante dans son dispositif de sécurité, affirmant que les situations relevées ne remettent pas en cause la bonne réalisation des missions. Néanmoins, des vérifications sont en cours suite à ces révélations, et le personnel concerné risque de lourdes sanctions. Les téléphones portables sont interdits dans les zones sensibles de la base, mais des montres connectées auraient pu échapper aux contrôles.
Ce n’est pas la première fois que l’application Strava est pointée du doigt pour des failles de sécurité. Les positions de militaires français au Sahel et américains dans le Golfe Persique avaient déjà été repérées. Plus récemment, des enquêtes ont révélé que des gardes du corps des présidents français et américains utilisent également Strava, mettant potentiellement en danger les dirigeants qu’ils protègent.
Enjeux de la Confidentialité et Sécurisation des Données
L’application sportive Strava, bien connue des athlètes pour le suivi de leurs performances, a une fois de plus soulevé des inquiétudes en matière de sécurité. En cause, une vulnérabilité qui aurait permis à des militaires français de la base de l’île Longue, située dans le Finistère, de divulguer involontairement des informations sensibles via l’application. En utilisant Strava pour enregistrer leurs courses, ces militaires auraient exposé des dates clés de leurs missions en mer. Cette fuite d’informations met potentiellement en danger la discrétion des sous-marins nucléaires français, essentiels pour la défense nationale. Cet incident souligne l’importance capitale de la cybersécurité et de la prudence dans l’utilisation des technologies connectées, notamment pour les personnels militaires. Les autorités devront examiner de près l’impact de cette faille et prendre des mesures afin d’éviter de telles divulgations à l’avenir. Strava se retrouve ainsi sous le feu des projecteurs pour une problématique qui va bien au-delà du simple suivi sportif.
