Depuis des mois, le Maniema vit au ralenti numérique, entre appels hachés, mobile money capricieux et internet hésitant qui étranglent commerces, services publics et familles. Le quotidien s’est grippé à force de conversations coupées, de transferts d’argent qui n’aboutissent pas et de connexions si instables qu’elles rendent vaines démarches administratives, commandes et cours en ligne. À Kindu comme dans d’autres localités, la même litanie revient : des factures réglées, des forfaits épuisés, et un service qui manque au rendez-vous. La colère a pris racine au rythme des pannes prolongées chez Vodacom, Airtel et Orange, dont la qualité perçue s’est nettement dégradée. Au-delà de l’agacement, une évidence s’impose : cette panne n’est plus un incident, c’est un climat, avec des coûts humains et économiques qui s’accumulent et un besoin pressant de réponses vérifiables.
La Motion Qui Change Le Rapport De Force
Dans ce contexte, la prise de parole du député provincial Blaise Bitangalo, élu de Kindu, a structuré l’indignation diffuse en démarche institutionnelle. En saisissant l’Assemblée provinciale, l’élu a formulé une motion exigeant l’audition du ministre compétent et des dirigeants de Vodacom, d’Airtel et d’Orange, en séance publique, afin d’exposer causes, délais et correctifs. L’objectif affiché est clair : obtenir un calendrier de rétablissement, des engagements mesurables et la reconnaissance du droit des usagers à un service conforme aux sommes payées. Cette initiative a fait écho aux mobilisations de la société civile, de la Lucha et de Filimbi, dont les alertes répétées n’avaient pas suffi à infléchir la situation. En parallèle, le rappel d’interpellations antérieures, restées sans effets tangibles, a nourri l’idée d’une redevabilité à réinstaurer, face à des opérateurs perçus comme indifférents aux plaintes locales.
Passer De L’Indignation Aux Garanties
La sortie de crise a été envisagée par étapes concrètes plutôt que par incantations : des auditions avaient été prévues pour établir un diagnostic partagé, un audit technique indépendant avait été suggéré pour cartographier les défaillances par site, et un plan de remise à niveau avait été programmé autour d’indicateurs publics, comme le taux de disponibilité et les délais de rétablissement. Des mécanismes de compensation avaient été discutés pour les clients affectés, au prorata des perturbations reconnues, tandis qu’un comité de suivi multipartite avait été pressenti afin de publier un état du réseau régulier et de proposer, le cas échéant, des pénalités applicables. Cette trajectoire avait replacé la protection des consommateurs au centre, tout en responsabilisant les opérateurs et l’autorité provinciale. Elle avait aussi posé un principe simple : un service digne devait correspondre au prix payé, et la transparence avait constitué la première garantie d’un réseau enfin fiable au Maniema.
