Dans un monde où les cyberattaques se multiplient à une vitesse alarmante, les experts des Cert (Computer Emergency Response Team), ces équipes dédiées à la gestion des urgences en cybersécurité, se retrouvent en première ligne face à des menaces invisibles mais bien réelles, et leur rôle essentiel pour protéger les infrastructures numériques s’accompagne d’une pression immense, souvent méconnue du grand public. Une enquête récente menée par une association spécialisée dans le domaine met en lumière une réalité préoccupante : ces professionnels, bien que garants de la sécurité des systèmes, sont eux-mêmes exposés à des risques psychosociaux majeurs. Entre surcharge de travail et confrontation à des contenus sensibles, leur santé mentale et physique est mise à rude épreuve. Ce constat invite à s’interroger sur les moyens mis en œuvre pour les soutenir et sur l’urgence de briser le silence autour de ces difficultés, souvent passées sous silence dans un secteur à haute tension.
Une Exposition à des Pressions Multiples
Les résultats d’une étude approfondie, réalisée auprès de plus de 200 professionnels du secteur, révèlent l’ampleur des défis auxquels font face les membres des Cert. Une large majorité, soit 86 % des personnes interrogées, déclare être régulièrement confrontée à des contenus troublants, tels que des données illicites ou violentes, dans le cadre de leurs investigations. À cela s’ajoute une surcharge de travail chronique, avec deux tiers des répondants signalant des sollicitations fréquentes en dehors des horaires normaux. En période de crise, la situation devient encore plus critique : près de la moitié des experts doivent gérer plusieurs dossiers urgents simultanément, ce qui accentue le stress et la fatigue. Ces conditions de travail intenses ne laissent que peu de place à la récupération, et les effets se font ressentir tant sur le plan individuel que collectif. L’absence de frontières claires entre vie professionnelle et personnelle aggrave encore davantage cette spirale de tension, rendant impérative une prise de conscience collective.
Des Solutions Insuffisantes Face à un Besoin Criant
Face à ces constats alarmants, il apparaît que les mesures de prévention et d’accompagnement restent largement inadaptées aux spécificités du métier. Bien que 80 % des professionnels reconnaissent que leur organisation prend en compte les risques psychosociaux, 72 % estiment que les actions mises en place, souvent limitées à des politiques générales des ressources humaines, manquent de pertinence. Plus inquiétant encore, seuls 2 % des répondants ont bénéficié d’un suivi médical ou psychologique directement lié à leurs activités. Dans un environnement où exprimer une fragilité demeure tabou, notamment dans un secteur majoritairement masculin, l’absence de soutien spécialisé constitue un frein majeur. L’ouverture d’un dialogue sur la santé mentale, comme le préconise l’association à l’origine de l’étude, s’impose comme une priorité. En brisant les barrières culturelles, il devient possible de renforcer la résilience des équipes et d’assurer une performance durable, tout en protégeant ceux qui protègent les systèmes numériques.
