Sous la pression croissante des régulateurs européens, Meta, le géant technologique américain qui détient Facebook, Instagram et WhatsApp, a annoncé une révision majeure de sa politique publicitaire afin de mieux se conformer aux réglementations du marché européen. Cette révision inclut notamment une réduction des prix d’abonnement pour éliminer les publicités et l’introduction de publicités moins ciblées pour ceux qui en font la demande. Désormais, les abonnés pourront profiter de tarifs réduits, passant de 9,99 euros à 5,99 euros pour un accès web et de 12,99 euros à 7,99 euros pour les applications mobiles. Pour les non-abonnés, Meta proposera des publicités moins personnalisées, basées uniquement sur des critères tels que l’âge, le genre, la localisation et les interactions avec les publicités sur la plateforme, ainsi que le contexte de navigation.
Une Réponse aux Exigences des Régulateurs
Ces changements visent à répondre aux exigences croissantes des régulateurs européens, bien que Meta ait souligné que certaines de ces demandes allaient au-delà des obligations légales. En effet, à la fin de l’année 2023, Meta a dû mettre en place un système d’abonnement payant pour permettre aux utilisateurs d’échapper à la publicité ciblée. Cette décision a suscité de vives critiques et une enquête de la Commission européenne a été ouverte en juillet 2024 pour évaluer la légalité de ce modèle. La Commission européenne a rappelé que ce modèle relève de la seule responsabilité de Meta et qu’il n’a pas été approuvé par la Commission, ce qui souligne l’incertitude qui persiste autour de cette nouvelle politique.
Les autorités de protection de la vie privée, réunies au sein de l’EDPB (European Data Protection Board), ont accueilli l’annonce de Meta avec prudence, indiquant que la conformité de cette nouvelle approche devait encore être évaluée. En réponse à ces nouvelles règles, Meta a également introduit des pauses publicitaires obligatoires, durant lesquelles les utilisateurs ne pourront contourner les publicités affichées. Cette démarche est censée montrer la volonté de Meta de se plier aux directives des régulateurs, bien que certains critiques estiment que ces efforts sont insuffisants pour assurer la protection de la vie privée des utilisateurs.
Réactions et Critiques Persistantes
Noyb, une organisation fondée par l’activiste Max Schrems, célèbre pour son engagement en faveur de la protection de la vie privée en ligne, a réagi rapidement à l’annonce de Meta en la jugeant problématique vis-à-vis du RGPD. D’après Noyb, les publicités « moins ciblées » proposées par Meta ne respectent toujours pas le consentement libre et éclairé des utilisateurs. Cela soulève des questions sur leur légalité. Les critiques estiment que même des publicités moins personnalisées nécessitent un accord explicite des utilisateurs, ce que Meta semble négliger dans sa nouvelle approche.
Malgré les ajustements opérés par Meta pour se conformer aux lois européennes, les critiques persistent quant à la légalité et l’efficacité des mesures adoptées pour la protection de la vie privée des utilisateurs. Ces modifications illustrent que le conflit entre les géants de la technologie et les régulateurs européens en matière de vie privée n’est pas près de s’achever. Les prochaines étapes pour Meta incluront probablement une surveillance accrue et de nouvelles adaptations pour répondre aux exigences des régulateurs, tout en essayant de préserver la rentabilité de son modèle économique basé sur la publicité.